Éditorial B.N. (octobre 2017)

Pour une Église audacieuse et missionnaire

Octobre est le mois de la mission universelle de l’Église. Tous les ans à cette époque les catholiques de Belgique et d’ailleurs manifestent leur solidarité spirituelle et matérielle avec les autres communautés qui, partout dans le monde, annoncent l’Évangile en paroles et en actes. La mission appartient-elle au passé ? Certains semblent le croire. Pourtant, le pape François le rappelle : « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire ». (Evangelii Gaudium) Impossible donc de faire l’impasse sur cet aspect essentiel de notre foi et de notre engagement de chrétien.

Qu’est-ce donc qu’un missionnaire pour vous ? Un chrétien audacieux, qui a la charge de porter l’Évangile dans des territoires où le christianisme n’a pas pénétré ?

Aujourd’hui, l’évangélisation doit aussi se faire dans les terres d’ancienne chrétienté.


Lors de son voyage apostolique en Colombie, le Pape François a invité les chrétiens à plus d’audace, devenir plus missionnaire. Ce message est encore d’actualité pour nous aujourd’hui. Laissons-nous interpeller par les trois attitudes proposées pour notre vie de disciples.

Abbé Jacques Vandenbosch

La première, aller à l’essentiel.

Cela ne veut pas dire « rompre avec tout » ce qui ne nous convient pas, car Jésus n’est pas venu non plus « abolir la loi, mais l’accomplir » (Mt 5, 17). C’est plutôt aller en profondeur, à ce qui compte et qui a de la valeur pour la vie. Jésus enseigne que la relation avec Dieu ne peut pas être un attachement froid à des normes et à des lois, non plus un accomplissement de certains actes extérieurs qui ne nous conduisent pas à un changement réel de vie. Notre vocation de disciple ne peut pas être non plus motivée simplement par une habitude, parce que nous avons un certificat de baptême, mais il doit partir d’une expérience vivante de Dieu et de son amour. La vocation de disciple n’est pas une chose statique, mais un mouvement continuel vers le Christ ; il ne s’agit pas simplement de l’attachement à l’explication d’une doctrine, mais de l’expérience de la présence amicale, vivante et opérante du Seigneur, un apprentissage permanent par l’écoute de sa Parole. Et cette Parole, nous l’avons entendu, s’impose à nous dans les besoins concrets de nos frères : ce sera la faim des plus proches dans le texte proclamé, ou la maladie dans ce que rapporte Luc à la suite.

Le second terme, se renouveler.

De même que Jésus « secouait » les docteurs de la loi pour qu’ils sortent de leur rigidité, l’Église, aujourd’hui, est aussi « secouée » par l’Esprit afin qu’elle quitte ses facilités et ses attachements. Le renouvellement ne doit pas nous faire peur. L’Église est toujours en renouvellement. On ne se renouvelle pas selon son caprice, mais on le fait en restant solidement fondé dans la foi, sans se détourner de l’espérance reçue en écoutant l’Évangile (cf. Col 1, 23). Le renouvellement suppose le sacrifice et le courage, non pas pour se considérer comme les meilleurs ou les plus propres, mais pour mieux répondre à l’appel du Seigneur. Le Seigneur du sabbat, le fondement de tous nos commandements et prescriptions, nous invite à pondérer ce qui est normatif quand est en jeu la marche à la suite de Jésus ; quand ses plaies ouvertes, son cri de faim et de soif de justice nous interpellent et nous imposent des réponses nouvelles.

Le troisième terme, s’engager.

S’engager, bien que pour certains cela semble dire se salir, se souiller. Comme David et les siens qui entrèrent dans le Temple parce qu’ils avaient faim, et comme les disciples de Jésus qui entrèrent dans le champ et mangèrent les épis, il nous est aussi demandé aujourd’hui de grandir en audace, en courage évangélique qui jaillit de la prise de conscience qu’ils sont nombreux ceux qui ont faim, faim de Dieu, faim de dignité parce qu’ils ont été dépouillés. Et, comme chrétiens, les aider à se rassasier de Dieu ; ne pas les empêcher ou leur interdire cette rencontre. Nous ne pouvons pas être des chrétiens qui lèvent continuellement la bannière « passage interdit », ni considérer que ce terrain est le mien, m’appropriant une chose qui n’est absolument pas à moi. L’Église n’est pas à nous, elle est à Dieu ; c’est lui, le maître du temple et de la moisson ; tous ont une place, tous sont invités à trouver, ici et parmi nous, leur nourriture. Nous sommes de simples « serviteurs » (cf. Col 1, 23) et nous ne pouvons pas être de ceux qui empêchent cette rencontre.

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